Fragmentation dans le portrait
Martine s'est essayée au "portrait" en bougeant les lignes !
Pourquoi ne pas essayer avec des personnes de vos connaissances, histoire d'avoir une autre perception d'un visage. Il s'agit de faire une photocopie et de marquer les plis, de les fixer avec un trombone et de voir en posant un papier fenêtre dessus, si le changement vous convient. Bien sur, dans la majorité des photos, il ne s'agit pas d'un processus d'embellissement, vous l'aurez compris, mais de fragmentation, ainsi que le concevait Françis Bacon dans ses peintures.
Ce processus participe de la pulsion destructrice par excellence, que Freud appelle thanotos, et qu’il oppose à eros, ou pulsion de vie. Ces œuvres évoquent un espace inquiétant, d’avant le « stade du miroir », moment premier que la psychanalyse situe à la fin de la première année de vie, où le nourrisson ne percevant jusqu’alors de son corps que des morceaux épars en proie aux pulsions, se projette dans l’image du miroir. Moment primordial où convergent, selon Jacques Lacan, la dimension du réel, de l’imaginaire et du symbolique, car c’est grâce à la parole de l’autre que l’enfant se projette dans l’image spéculaire. Dans ces œuvres, au contraire, le corps n’est qu’un agrégat de détails nets, n’arrivant pas à faire un. Elles nous donnent à voir le multiple, l’éclaté ; au spectateur donc de reconstruire les nombreuses acceptions imaginaires et symboliques de l’image éclatée, ou de se perdre dans l’opacité d’un tel miroitement.