S. Hantaï - le nouage avant les "Tabulas"
Travail préparatoire d'une toile à partir de plis noués avant d'intervenir à la peinture acrylique. Ce procédé donnera ce qu'a appelé Simon Hantaï dans son oeuvre, les "Tabulas".
Tabulas, Hantaï plie la toile en carrés, fixant les plis au dos avec de petits noeuds ficelés aux points d’intersections. Ce travail de moine produit une surface plus ou moins plate au dos gaufré. Une fois la toile peinte, il suffit de la tirer pour faire sauter les ficelles, ouvrir les réserves, et éclater une étendue d’étoffe aux carrés colorés (peints) suspendus dans une grille blanche (non-peinte).
Ce qu’il vise, en pliant un Tabula, c’est l’établissement d’une géométrie contre laquelle les aléas de la surface
(la peinture qui coule ou ne coule pas, qui atteint ou n’atteint pas les réserves, les fentes de la toile blanche
qui resurgissent ici et là, à travers les irrégularités irréductibles du processus manuel)
pourront devenir saisissants. Pour nommer cette action complexe qui consiste à confronter
le géométrique et l’aléatoire au sein du pliage, nous sommes arrivés, avec Hantaï, à kockázás –
mot tiré de son hongrois natal, voulant dire : « l’action de faire les carrés », mais aussi « jeter les dés »,
« mettre en jeu », « risquer », « hasarder ». Commençons par la géométrie.
Les Tabulas marquent, d’abord, le retour de formes rectangulaires
dans sa production pliée après une absence d’une décennie.